UNE ÎLE | Josiane Voisin

Série réalisée lors du stage de Julien Magre 2019.

« Je pars pour les « Semeurs de partage » à Griffeuille à Arles, un jardin partagé en milieu urbain.

Il se trouve dans une cité HLM. Un jardinier est là, il m’ouvre, il comprend ce que je viens faire, la photographie ne leur est pas étrangère. On discute, il propose de laisser le portail ouvert pour que je puisse ressortir. Je découvre un jardin « luxuriant », des jardiniers fiers, un multiculturalisme et l’immeuble.

Puis un habitant de la cité me décrit l’espace avant le jardin, ce qu’il voyait depuis sa fenêtre, ce que le jardin a apporté. « Avant, ici y’avait rien, des fois c’était sale, les enfants jouaient au foot d’un bout à l’autre du terrain. Les jardins c’est beau, je descends, je discute, y’a une bonne ambiance. Ils se donnent des légumes entre eux, même moi qui n’ait pas de jardin, ils me donnent des légumes quand ils en ont trop ».

Le soir en partant, je vois la cité depuis la route. Elle est en toute bordure de la ville, juste après le canal longé par un chemin parcouru par de nombreux joggers. Le jardin est une interface entre le canal et l’immeuble, une île terrestre verdoyante.

Le jardin est comme « un oasis », avec sa végétation et son eau issue de la source ; c’est un lieu paisible. « Au début, on avait peur qu’il y ait des personnes qui rentrent, ou des enfants qui fassent des bêtises. Mais non, tout le monde respecte ».

Les jardiniers partagent des valeurs dont ils sont fiers.

Ils ont des pratiques d’agriculture biologique, « Ici c’est bio. Je ne mets rien pour faire pousser. Quand je mange une salade de tomates c’est bon, c’est tellement bon qu’après je n’ai pas besoin de manger autre chose ».

Ils apprécient de se retrouver ensemble. « Tu vois, y’a des retraités, des jeunes, des hommes, des femmes, on emmène les enfants, on vient en famille, c’est bien ».
Les discussions avec les jardiniers m’ont permis de comprendre combien le jardin était important pour eux. Tous ont accepté que je photographie leur jardin et leur travail, par contre l’idée de poser pour un portait semble souvent contre-nature.

Merci pour cette rencontre ! »