L’ISSUE | Séverine Piroth

Série réalisée lors du stage d’Antoine d’Agata, 2023.

Ce devait être un tel enchevêtrement de méandres, de tunnels et de voies sans issue que personne ne pourrait en sortir.
Noirceur, sentir, chercher, peur d’aller trop loin, ne pas faire les choses à moitié.
Notre fuite entravée par la terre et par l’eau, mais l’air et le ciel sont libres.
Quête.
Regarde à travers le regard porté sur l’autre.
Douleur, doute, déchirement, beauté, féminité, douceur, pur, l’amour.
Me trouver. Me perdre. Me retrouver. Être libre.
Elle attacha des plumes entre elles grâce à de la cire. Puis elle les fixa sur les épaules de sa fille et sur les siennes.
Quand tu auras pris ton envol, tu ne dois pas t’élever trop haut dans le ciel.
Maman, c’est si beau ! Je sens la chaleur du soleil et son éblouissement me ravit le coeur.
Ne vole pas si haut ! Reviens près de moi, je t’en supplie.
Mais elle, déjà loin, ivre de liberté, ne l’écoutait plus. La cire se mit à fondre. Les ailes se détachèrent et elle tomba, en une longue et vertigineuse chute.
Intense.
Douleureux.
Se relever, avancer.
Comme toi ?
Pourquoi tu ne m’as jamais protégé ? Parce que tu n’as pas su te protéger, toi ?
Pourquoi tu ne m’as jamais écouté ? Parce qu’il fallait que tu t’écoutes d’abord ?
Maman, après la violence, il y aura quoi ?
Tu n’avais pas compris que je ne pouvais pas voler et tomber, comme toi ?
La beauté du vertigineux.
La douleur dans la noirceur.
L’immensité de la beauté en toute vulnérabilité.
Aujourd’hui je suis toi Maman, comme je suis toutes les femmes.
Je brûle parce que je dois brûler.
J’étais loin, le plus loin possible.
Je ne te demande pas pardon, je ne te pardonne pas, il n’y a rien à pardonner.
Quand tu partiras, tu iras vers le soleil ou tu brûleras en enfer ?
L’amour ne sera pas l’issue, Maman, comme tu l’as toujours dit ?
Tu en avais tellement besoin, tu en avais tellement.
Je ne te crois qu’aujourd’hui.